vendredi 8 mars 2013

En cette journée des droits de la femme ... Petit clin d'oeil à Lise Arricastre, une sportive qui porte le maillot bleu

À 21 ans, la jeune femme qui évolue toute l’année dans le club de rugby de Lons (64) a été sélectionnée début février en équipe de France pour affronter l’Italie durant le tournoi des VI Nations. Originaire de Couloumé-Mondebat, elle a démarré le rugby au collège de Plaisance du Gers. Au mois de juin dernier, elle a même été sacrée championne de France, un titre acquis avec les Béarnaises de Lons. La jeune pilier expliquait à ce moment-là que si elle faisait autant d’efforts, c’était pour avoir l’opportunité de jouer la Coupe du Monde qui se déroulera en France en 2014.
Extrait du rapport commandité par la Direction des Sports sur la situation et les perspectives du sport féminin : « (…) D’une manière générale, même s’il y a une volonté d’impulser des transformations, ne pas oublier que le changement social ne se décrète pas, que les mutations culturelles sont longues et que les orientations prises par l'Histoire sont parfois surprenantes ( …) » Ou encore : « (…) Le changement des conduites et des mentalités ne pourra naître que d’un processus éducatif long impulsé par l’État et relayé à tous les niveaux, au-delà du temps politique. » Une vingtaine de personnalités (voir liste en note) analyse la place de la femme dans le sport dans le cadre des travaux du « Groupe national femmes et sports » (GNFS). Ce travail a débuté le 8 avril 2011 et s’est poursuivi pendant près de neuf mois pour aboutir à un rapport dense, excessivement bien documenté et systématiquement articulé avec la vision d’une utilisation pratique. Lancée à l’initiative de la Direction des sports, cette étude n’a encore connu aucune publicité institutionnelle ou publique. Elle s’est construite avec de nombreuses consultations auprès d’experts, de chercheurs, de représentants d’institutions, de collectivités territoriales, de la Fondation de France, de l’Agence de l’éducation par le sport ou encore des services de l’État, ainsi qu’avec des auditions de professionnels issus de divers secteurs autant que des cadres techniques et des dirigeants qui ont aussi alimenté les réflexions, les références et les préconisations. 


Quelques préconisations
Quelques dizaines de mesures ou de pistes de travail sont proposées qui touchent à tous les aspects pouvant faciliter l’arrivée et la progression des femmes dans le sport et les structures sportives. Plusieurs constats articulent ce train de mesures comme ceux-ci : «La pratique compétitive est un aboutissement pour quelques unes [mais] reste un impensé pour une majorité » ; « peu de femmes s’inscrivent à la formation continue des DTN et DTN adjoints (1 en 2011, 2 en 2010) » ; « (…) Les fédérations qui ont un fort pourcentage de femmes parmi leurs pratiquantes ou dirigeantes n’ont pas davantage d’arbitres féminines»

 oici quelques unes des préconisations :
● mise en place d’une campagne médiatique à l’initiative des ministères en charge des sports et de la santé avec un spot télévisuel véhiculant un message positif sur l’activité physique au cours de la vie de la femme. création d’un ‘Passform’ pour adapter l’offre du mouvement sportif aux demandes des femmes
● assurer un minimum représentatif de la minorité (que cette minorité soit homme ou femme) au sein des instances dirigeantes des fédérations sportives et des associations sportives…
● (…) mise en place de mesures incitatives pour le recrutement des femmes dans les fédérations (détection des futures cadres potentielles, accompagnement spécifique des femmes, adaptation des formations, adaptation des postes de travail en ce qui concerne l’aménagement du temps, adaptation des formations de DTN et DTN adjoints aux contraintes des femmes…)
● valoriser ce que font les femmes au lieu de les ramener à ce que certaines représentations caricaturales pensent qu’elles sont

« Inégalité récurrente » 
Le rapport souligne, dans sa conclusion, avoir fait le « constat d’une inégalité récurrente et avérée entre les hommes et les femmes dans le sport à tous les niveaux d’implication, malgré un volontarisme politique sans cesse réaffirmé depuis 2004 ». Le GNFS pose alors la question : « Comment faire pour réenclencher le processus de féminisation du sport amorcé depuis 1998 » se demandant s’il ne faut pas « adopter un nouveau mode d’intervention ». A l’appui de ce doute intellectuel, une opposition de fond entre une réussite et une impasse. La réussite est celle des chiffres : la représentation féminine dans les sports (même ceux qui leur étaient traditionnellement exclus) progresse et atteste d’une grande liberté de choix. En 1968, il y avait 9 % de licenciées. En 2011, le pourcentage de femmes pratiquant à l’intérieur d’une fédération est de 37,6 %. L’impasse, c’est le constat que cet accroissement n’empêche pas les femmes d’être dominées dans l’ordre sportif en tant que pratiquantes, dans les tâches d’encadrement et dans la couverture médiatique. Le GNFS étaye ses conclusions en affirmant qu’il « faut maintenir, voire renforcer, les actions de féminisation ». Mais surtout il ouvre la réflexion sur la nécessité de pistes alternatives afin d’aboutir à un nouveau mode d’intervention de l’État qui s’appuierait sur un processus de déconstruction. En clair, passer d’une approche sexuée à une approche de genre. Soit « L’acte II de la politique de l’État en faveur des femmes » termine le Groupe national.

« On ne décrète pas les changements… » 
Pour réaliser le « Rapport », le GNFS a suivi quatre étapes dans son travail (revue des connaissances - recensement des politiques, des actions et des acteurs - analyse et compilation des réponses à mettre en tension avec la revue des connaissances - préconisations et mesures) et a toujours balisé ses réflexions et conclusions de certaines précautions de base. Le but consistait en la réalisation d'« un état des lieux des actions conduites en faveur de la pratique sportive et de l’accès aux responsabilités des femmes dans le sport » dans l’objectif « d’élaborer un recueil de préconisations et d’orientations permettant de structurer et construire la politique ministérielle ». Le document distingue les trois moments de l‘histoire des femmes et du sport (du XIXe siècle aux années 70 : les femmes peuvent-elles faire du sport ? ; des années 70 aux années 90 : de premiers travaux questionnent les liens entre femmes et sports ; depuis le milieu des années 90 : intégration des théories du genre). Il est rappelé en liminaire que la pratique libre des activités physiques et sportives, pour les femmes, a constitué « une conquête de près d’un siècle d’une citadelle masculine ». Le document s’intéresse à la sportive de haut niveau autant qu’à la pratiquante au sens large (ce qui inclut aussi la femme enceinte). Le rapport, considère dans son premier tiers, intitulé « Posture et démarche » le positionnement et la méthodologie du GNFS ainsi que l’état des lieux de la politique étatique, comme des incitations de l’Europe. Il consacre sa deuxième partie aux perspectives et préconisations en divisant son rendu en sept chapitres : parcours de vie et carrière sportive des femmes – être une femme et travailler dans le sport – la responsabilité sportive – la responsabilité technique (cadre d’état, femme et encadrement professionnelle, arbitrage) – la pratiquante ( quartiers populaires et milieu rural) – la sportive en parcours d’excellence – sports, images, médias et marketing.

Composition du « Groupe national femmes et sports » : Monique Amiaud, Françoise Barthélémy, Franck Bellard, Carole Bretteville, Marina Chaumond, Christel Clapies, Aurore Colnel, Muriel Faure, Corinne Frizzi, Françoise Grosvalet, Olivier Jordy, Pascal Lagarde, Dominique Lebailly, Philippe Liotard, Catherine Louveau, Stéphanie Mahuet, Carole Maitre, Philippe Manassero, Corinne Martin, Marie-Françoise Potereau, Peggy Provost, Martine Salgon, Danièle Salva, Françoise Sauvageot, Anne Tatu-Colasseau, Michèle Toussaint, Cécile Variengien.

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