mercredi 28 février 2018

Merci et basta !

Le sport appartient à l'évolution des cultures. Le sport, c'est bien sûr le corps indissociable de l'esprit. L'histoire du monde repose en grande partie sur la guerre. Un guerrier se devait et se doit encore d'être une sorte d'athlète. À l'époque des boucliers, des glaives, des épées et des haches, les plus costauds et les plus vaillants triomphaient. Des stratèges tels que Machiavel ou Talleyrand pouvaient se contenter de rester en chambre, mais les combats étaient sans pitié. Ainsi, les Jeux Olympiques illustrent le destin aléatoire de champions terrassés ou adulés. Attendre quatre ans et tout résumer en quelques centièmes de secondes est effrayant. Les vainqueurs (ceux qui sont là où on les attend) ont puisé dans leurs ressources et ils seront consacrés comme des héros alors que les vaincus seront quasiment oubliés. Heureusement, en dépit d'échecs, d'aléas, de prises de tête et de moments de blues, nos vies sont plus paisibles. Le sport, l'événement le plus médiatisé au monde : 3,6 milliards de téléspectateurs pour les JO et 3,2 milliards pour la Coupe du Monde de foot représentent un marché publicitaire colossal. La retransmission du Super-Bowl aux Etats-Unis a généré des sommes délirantes : des dizaines de millions d'euros pour vingt secondes de pub. Nombre de commentateurs sportifs utilisent ce cliché : «Le sport offre des moments uniques !» Sous entendu : «impossibles dans la vie». Certes, sauf que la vie offre aussi des moments de grâce. Que l'on soit bénévole, infirmière, secouriste, éducateur, amoureux ou poète, on vit sans sponsors, ni pub, ni chauvinisme, ni médaille d'or qui, en Corée, ont rapporté 50.000 € pour les compétiteurs français, soit 150.000 $ pour Martin Fourcade. Une récompense que les récipiendaires d'une médaille du travail qui récompense des décennies de labeur modeste trancheront. La France aura obtenu 15 médailles au lieu des 20 envisagées. Tiens, le XV de France a enfin gagné depuis près d'un an de disette. Joli titre de «L'Équipe» : «Merci et basta !». On n'en sait pas plus sur les frasques écossaises des Français, mais un rugbyman est rarement un «gendre idéal», un qualificatif attribué à Martin Fourcade. En attendant, le match Ecosse-Angleterre a été superbe et les filles du XV Bleu continuent leurs beau parcours : 57 à 0 contre les Italiennes. Nettement plus probant que les garçons. La photo illustre l'incomparable dramaturgie du biathlon qui a cassé les records d'audience et où les Français ont plutôt excellé.

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